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Agriculture urbaine

Loin de se restreindre à des serres climatisées et/ou se percher sur des toits, en s’éloignant de toute interaction sociale, l’agriculture urbaine se diffuse dans les recoins des villes, dans ses interstices, ou même dans les rues. Créer des interactions, valoriser les communs, aller au contact des habitants, ou créer des liens entre l’ensemble des zones de production ou de distribution alimentaire, à une échelle locale, c’est l’ambition des quartiers comestible. Déclinaison locale de la notion de Ville Comestible, il s’agit d’une expérimentation qui s’est focalisée sur le quartier La Chapelle (Paris 18), sous l’impulsion de Vergers Urbains depuis 2012.

Ce quartier a vu apparaitre certains des premiers projets d’agriculture urbaine parisiens, sous la forme de jardins partagés, ou d’espaces autogérés (Shakirail, Bois Dormoy, Ecobox…), pour certains disparus ou déplacés (Arrière cours 93,  Théâtre de Verre ou Jardin d’Alice…). C’est aussi dans ce quartier qu’est né Vergers Urbains (VU). L’association a privilégié un investissement local avant de s’investir dans d’autres quartiers, ou d’autres villes. C’est dans ce quartier très populaire et enclavé, souffrant d’un manque d’espaces verts, avec d’importants conflits d’usage  (dû à un déficit et un dysfonctionnement des espaces publics) que différents modes d’action ont  été mis en place et testés avec d’autres associations du quartier, des collectifs, des habitants et l’appui de la ville. Read More

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13400842735_aca507c824_zLa répartition des ressources alimentaires et leur production fait partie des principaux enjeux  pour l’homme, qui l’ont amené à s’organiser pour gérer en communauté et de manière équitable les ressources locales, et ce depuis l’époque où il était chasseur-cueilleur. Le développement de l’agriculture l’a amené à se sédentariser et à fonder des villages, puis des villes et donc à modifier son rapport aux espaces de production. De nombreux espaces ont fini par sortir du « champ » des communs pour entrer dans une sphère privée, gérée d’une manière plus exclusive et au bénéfice d’un nombre limité de personnes.  Cependant, jusqu’à une époque récente, l’espace, même propriétaire restait accessible à tous, pour un usage commun. Ce qui était très pratiqué au moyen âge (avec les Common lands), a pris fin avec le développement de l’industrialisation et du capitalisme, par le mouvement des enclosures qui s’est concrétisé par la privatisation des terres.

On observe aujourd’hui un double mouvement contradictoire : d’un côté l’extension de la sphère privée, avec ce qu’on pourrait appeler les nouvelles enclosures et de l’autre ce que certains appellent une renaissance ou un retour des communs. L’extension de la sphère privée se concrétise à de multiples échelles, qui vont de territoires entiers à des morceaux d’espaces publics, en ville. Read More

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Alors que Paris cherche à se réinventer, ou à se faire grand,  on semble parfois oublier cette crise, ou plutôt cette urgence qui enfle depuis presque de deux années et à laquelle aucune réponse satisfaisante n’est donnée. L’ampleur de cette crise est pourtant sans commune mesure avec ce à quoi font fasse les villes allemandes, qui pour accueillir des centaines de milliers de réfugiés arrivent à profit à la fois les logements vacants, les bâtiments administratifs ou équipements publics désaffectés (hôpitaux, casernes, gymnases, etc.) mais aussi des hôtels, entrepôts, des solutions légères et mobiles (conteneurs) etc.  Certes avec des conditions sanitaires pas toujours adaptées, mais qui permettent de faire transition dans l’attente de solutions plus stables et éviter ainsi le phénomène que connait Paris, où les campements s’installent au cœur de l’espace public (le quartier La Chapelle souvent), dans des conditions inacceptables. Ces campements ont pour effet d’entraîner une intolérance voir même  un rejet violent de la part des riverains, (qui risque de générer d’ailleurs des effets politiques désastreux) puis d’innombrables expulsions dans des sites dispersés dans les confins de la région, et en dehors. Les sites d’hébergement proposés sont souvent incompatibles avec leur situation et les laisse sans l’accompagnement des collectifs de soutien. Ce qui les amènera inévitablement à revenir  vers leur cœur de réseau, là où ils peuvent trouver un soutien tant de leur communauté que des acteurs sociaux ou collectifs. Les réponses politiques qui s’en suivent sont souvent sécuritaires, ségrégatives ou gentrifiantes : par exemple barrièrages et fermeture de l’esplanade du jardin d’Eole, des squares de la place de la Chapelle, du boulevard de la Chapelle, ou implantation d’un « Chapelle Plage » sur l’esplanade Nathalie Sarraute, pour « éviter qu’ils n’y reviennent ». Paris serait-elle devenue inhospitalière? Read More

UCCFL’année 2016 sera sans doute celle du retour des communs urbains. Alors que la société continue d’opérer un repli sur soit, à sombrer dans une dérive sécuritaire (en levant des murs, des clôtures, en installant des dispositifs de surveillance…), à ségréger, ou à privatiser ses espaces ou services communs (ou publics), des initiatives de plus en plus nombreuses commencent à émerger pour contre carrer cette tendance. Ces initiatives sont multiples, elles flirtent souvent avec l’économie capitalistique, avec certains acteurs de l’économie collaborative ou du « partage » (uber, blablacar,…), ou d’autres acteurs impliqués dans la dynamique smart city. D’autres initiatives sont motivées par la reprise en main des enjeux énergétiques (développement des coopératives de production notamment, économies d’énergie), la questions des déchets (stratégies zéro déchets), des transports (dans une optique zéro carbone), ou la souveraineté alimentaire (développement de l’agriculture urbaine, des circuits courts). Ils ont en commun de s’appuyer généralement sur une dynamique collective et bottom up, en marge des champs traditionnels de l’action publique pour requestionner le système actuel….

L’espace urbain n’est pas en reste et on passe de plus en plus de la notion de support physique destiné à des usages souvent prédéterminés, préconçus, pour évoluer vers la notion de lieu co-construit, voir même autogéré dans quelques cas encore rares. C’est à dire des espaces ouverts, créés par et pour la communauté, avec ses propres règles de gouvernance (collégiale, voir holacratique). On parle alors de Communs Urbains, où la lutte contre les enclosures rime parfois avec le droit à la ville d’Henri Lefèvre et une réappropriation collective, non ségrégative des espaces publics et des espaces délaissés.

Ces communs urbains se concrétisent par la mise en œuvre de stratégies multiples de réappropriation, ou d’activation d’espaces, souvent délaissés, pour laisser libre cours à des usages collectifs, souples, résilients avec une large part d’expérimentation pour transformer en profondeur la ville, dans ses moindres interstices et la rendre plus résiliente et viable.

Ces dispositifs nécessiteront la mise en place lieux ressources, prenant la forme de Tiers Lieux, englobant à la fois des espaces tel que les coworking, Living Labs, FabLabs, foodlab, Jardins Collectifs etc. C’est à dire des lieux ouverts, supports de mutualisation, d’échange, d’expérimentation, de co-production. Ils interrogent les dimensions multiples de la société : le social, l’économie, l’environnement, la culture, la technologie, etc. Ces Tiers Lieux doivent permettre le « prototypage » d’un nouveau type d’urbanisme, plus collaboratif et viseront à tester, ou préfigurer des usages pérénisables, à la manière d’un micro-urbanisme tactique.

C’est en quelque sorte l’esprit des Laboratoires citoyens (Laboratorios ciudadanos), qui se sont développés à Madrid sur de nombreux espaces vacants. . Dominico Di Sena (CivicWise) : les Laboratorios ciudadanos sont en réalité des lieux de forte inclusion sociale. Ils ne sont ni des lieux institutionnels, ni des espaces de contre-culture, altermondialistes, figés dans des concepts « puristes » et par conséquent excluants. Ils ont progressivement abandonné leur caractère underground, pour permettre une participation citoyenne la plus large possible (entretien, mars 2015 par Raphael Besson). https://www.urbanews.fr/2016/01/11/50396-laboratoires-citoyens-madrilenes-fabrique-communs-urbains/

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C’est aussi dans cette dynamique que se situe le projet Urban Common Factory du collectif Babylone (lab-au.org), qui prendra place, de manière éphémère sur le site des Cathédrales du Rail. Cette fabrique temporaire, qui prendra la suite du Living Roof (living-roof.paris) permettra entre autre le lancement de Tiers Lieux générateurs de Communs Urbains, centrés sur l’agriculture urbaine et la résilience, pérennes ou itinérants destinés à (ré)activer des territoires délaissés. Cette fabrique prendra la forme d’une résidence, d’un workshop et d’un festival d’agriculture urbaine, rassemblant différents acteurs pluridisciplinaires (amateurs ou experts), permettant le prototypage de ce tiers lieu. La démarche de co-construction de ce tiers lieu sera démonstratif des idées qu’il compte porter : une construction progressive, collective et expérimentale. Cette fabrique mettra à profit des espaces test pour les usages pérennes qui y prendront place (cas du Cube, qui devra préfigurer certains usages d’une médiathèque), qui évolueront de manière permanente, en fonction des liens qui seront créés avec le contexte local.

Ce Tiers Lieu sera fortement axé sur la question de l’agriculture urbaine, qui par la multiplicité des enjeux abordés et son rapport transversal à la ville constitue une des thématiques fortes des Communs Urbains. Il constituera un laboratoire pour développer les dispositifs qui rendront la ville comestible et résiliente, en renforçant le métabolisme urbain. Il contribuera à faire émerger une agriculture du troisième type, une agriculture urbaine hybride, située entre l’agriculture bio-intensive et le jardinage associatif urbain,génératrice de Communs [agri]Urbains.

Lubie de bobo, phénomène de mode, gadget pour verdir les perspectives d’architectes ou véritable enjeu d’autosuffisance alimentaire des villes? Depuis la France, l’idée semble plutôt saugrenue quoique pittoresque: quelques hurluberlus se présentent en bleu de travail,  attaché-case dans la main droite, râteau dans la main gauche…Urbanisme et aménagement du territoire | France

Il faut désormais s’y faire, l’agriculture urbaine germe partout. Colloques et conférences sur le sujet se multiplient et attestent d’une volonté de relayer voire d’institutionnaliser une pratique en développement. Associations, collectifs, fermes urbaines et autres bureaux d’études spécialisés – souvent aux noms fleuris – orchestrent cette effervescence : Toits vivants, Topager, Le sens de l’Humus, Sous les fraises, V’île fertile, Vergers urbains ou encore Veni Verdi. J’en passe et des meilleurs.

Rien qu’en ce moment, en plein Etats généraux de l’économie circulaire, de nombreuses manifestations se déroulent à travers la France, contribuant à communiquer, développer et mettre à l’agenda politique, médiatique et même culturel l’agriculture urbaine, avec pour point d’orgue (du moins espéré…) la COP 21 en fin d’année. La déferlante est en marche.

Alors, à écouter tout ce beau monde, l’agriculture urbaine pourrait constituer une alternative crédible… vraiment ? Pour nourrir une population urbaine mondiale en explosion constante et rendre la ville plus… savoureuse ?

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Le rabibochage de l’agriculture et de la ville ?

L’agriculture urbaine est loin d’être un phénomène nouveau ou limité géographiquement. Dans les villes françaises, la toponymie des rues reflète souvent un passé maraîcher, viticole, terrassé par le rouleau compresseur de la Révolution Industrielle puis de la société de consommation. L’éclatement de divers scandales alimentaires, la mise à l’agenda politique du développement durable et les premières critiques d’une mondialisation exacerbée ont favorisé le retour en grâce de l’agriculture urbaine dans les années 1990.

Toutefois, concrètement, que recouvre l’agriculture urbaine ? Nos jardins aromatiques que nous entretenons avec amour sur nos balcons étriqués suffisent-ils à faire de nous des agriculteurs urbains ? Rien n’est moins sûr. Une des dimensions fondamentales de l’agriculture urbaine relève de son caractère collectif – pour le moins partagé -, qui la destine à une alimentation de proximité. Qu’elle soit en pleine terre ou hors sol, high tech ou low tech, elle relève d’une gestion raisonnée, économe, respectueuse de l’environnement et des équilibres écologiques. Urbaine, elle émerge du bitume et ravive des espaces laissés vacants, friches stériles et interstices dénigrés. Et ce ne sont pas les toits qui peuvent arrêter son ascension!

Or au-delà de sa qualité paysagère certaine, on voudrait nous vanter ses vertus gustatives… Si comme le veut l’adage, «l’air de la ville rend libre», il est aussi… pollué. Nouveau rebondissement – certainement pas le dernier – les experts avancent que ces productions urbaines non seulement ne seraient pas toxiques ni même de moindre qualité, elles seraient meilleures! Plusieurs arguments unanimement repris étayent cette thèse. Primo, la pollution a tendance à stagner près du sol (on parle d’un effet de seuil à partir du 2e étage). Secundo, cette production de proximité se développe sans pression de productivité ou de rendement (du moins a priori) s’offrant le luxe d’une culture biologique, voire d’une permaculture (1), hyper locale, recyclant les déchets organiques des citadins, économe en énergie et à haute valeur urbaine ajoutée.

Alors, un changement de paradigme ? Dans un contexte de crise agricole profonde, cet appel sonnerait comme un retour à l’essence-même de la tradition urbaine : la ville, foyer d’innovation et d’expérimentation. Sommes-nous prêts pour une nouvelle révolution agricole?

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L’émergence d’un modèle d’agriculture urbaine « à la française »

Ce «modèle  français» émergent fait la part belle à une agriculture urbaine éco-responsable, autogérée, à taille humaine, relevant plus du jardinage que du maraîchage. La production et la distribution sont destinées à une consommation hyper locale.

A l’international, l’agriculture urbaine se professionnalise et s’industrialise, succombant aux sirènes de la productivité, du rendement et du retour sur investissement. Les Etats-Unis et le Canada sont les leaders, pionniers du secteur en misant dessus dès les années 1990 et ce, dans la lignée de la guerilla gardening qui bourgeonna à partir des années 1970 à New-York. Là encore, c’est la diversité qui prime. Si nous avons tous en tête des images «urbano-bucoliques» de toits cultivés dans le quartier emblématique de Brooklyn avec les buildings et skyscrapers en toile de fond, les ingénieurs agronomes et autres commerciaux se sont emparés du marché. La recherche de productivité, de rentabilité et de commercialisation guide désormais ces agriculteurs urbains d’un nouveau genre, entrepreneurial. Pour des expérimentations hors sol high-tech en tous genres.

Les fermes urbaines sur le modèle de serres commerciales positionnées sur les toits d’entrepôts semblent prometteuses, comme celle de Lufa au Canada, qui se développe en hydroponie, c’est-à-dire hors sol, dans une solution riche en nutriments et minéraux. D’autres expérimentations se révèlent plus… étonnantes. Le cas de l’Urban Farmers en Suisse, pionnier dans l’agriculture aquaponique est à ce titre édifiant.

Aqua.. quoi ?! Derrière ce terme barbare se cache une savante combinaison alliant aquaculture et hydroponique : en bref, il s’agit de la culture de plantes dans une eau peuplée de poisson qui l’enrichissent naturellement en nutriments (je ne vous fais pas de dessin). De là à s’en faire un tartare…

Un autre exemple emblématique, plus extrême encore, est celui de la ferme verticale « The Vertical Farm » signée Dickson Despommier, urbaniste et écologiste, professeur à l’Université de Colombia, développée dès 1999. Ce modèle rentable de tours d’agriculture verticale pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres s’enracine jusqu’à Singapour. De l’utopie visionnaire à la science fiction, la limite semble bien ténue…

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La marche vers l’institutionnalisation : la clé des champs ?

De nombreux enjeux restent encore à lever en France pour développer significativement l’agriculture urbaine. Car elle souffre encore d’une faible opérationnalité malgré les encouragements législatifs successifs depuis les années 2000 : la loi SRU puis par le Grenelle de l’environnement créent des outils fonciers afin d’encourager sa planification dans les documents d’urbanisme locaux. Pour autant, une grande variété de zonages s’offre aux collectivités, pour une sélection loin d’être anodine qui constitue l’enjeu majeur de son développement : chaque zonage privilégie une certaine fonction de l’agriculture urbaine et conditionne fortement sa pérennisation. C’est une ré-interrogation globale des logiques foncières qu’il s’agit d’impulser.

Un flou demeure enfin quant à la vocation et aux modalités de développement et d’exploitation des espaces d’agriculture urbaine: question du statut des jardins, fermes et exploitation et avec eux celui des agriculteurs urbains ; celle de la gestion des loyers et baux ; celle des montages opérationnels. Surtout que l’agriculture urbaine ne va pas sans raviver le leitmotiv de la concurrence pour l’espace et les potentiels conflits d’usages (2). Mais à trop règlementer l’agriculture urbaine, ne risque-t-on pas d’en limiter son incroyable inventivité et propagation ?

Alors l’agriculture urbaine peut-elle sauver la ville ? Elle a certainement sa motte à porter à l’édifice. Car l’intérêt de l’agriculture urbaine va bien au-delà des questions alimentaires, économiques et commerciales. Elle réactive le lien social, invite à la spontanéité, réinvente une urbanité, contribue à un changement des mentalités et des habitudes alimentaires, révèle et valorise des espaces délaissés à moindre coût, limite l’effet d’îlot de chaleur, tout en présentant un indéniable intérêt paysager et esthétique. Plutôt pas mal. Attendons la COP 21 pour véritablement parler d’un avènement durable de l’agriculture urbaine.

Héloïse Balhade

(1)La permaculture repose sur le principe de biomimétisme, ou imitation de l’intelligence naturelle du vivant.
(2) L’ensemble de ces questions est développé dans l’ouvrage très complet publié par NATUREPARIF : L’agriculture urbaine. Vers une réconciliation ville-nature, sous la direction d’Antoine LAGNEAU, Marc BARRA et Gilles LECUIR. Editions le passager clandestin. Juin 2015.

27 juin 2015
Le projet de reconversion de l’incinérateur des Carrières en jardins suspendus, proposé par l’entreprise la Cathédrale verte, est une excellente nouvelle. La planification est l’aménagement de la fameuse rampe d’accès avec, entre autres, 15potagers en bac.

« Illustration: Cathédrale verte Le projet de reconversion de l’incinérateur des Carrières en jardins suspendus, proposé par l’entreprise la Cathédrale verte, est une excellente nouvelle. La planification est l’aménagement de la fameuse rampe d’accès avec, entre autres, 15potagers en bac

Le projet de reconversion de l’incinérateur des Carrières en jardins suspendus, proposé par l’entreprise la Cathédrale verte, est une excellente nouvelle. Il est grand temps de redonner vie à cet espace massivement bétonné, élément visuel marquant du paysage montréalais avec ses cheminées. Lors de l’événement Je vois Mtl, le projet s’est intégré à celui d’un corridor vert en direction du site Outremont de l’Université de Montréal.

 L’incinérateur Friche industrielle désaffectée depuis 22 ans, l’ancien incinérateur de déchets est situé dans l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie sur la rue des Carrières à Montréal. Impressionnant bâtiment, il se distingue par ses deux immenses cheminées de 75 m de haut et par son imposante rampe d’accès extérieure. Par sa localisation au coeur de la ville, sa reconversion vers des technologies propres et sa végétalisation sont intelligentes et intéressantes. Qui sait… ? Le site pourrait même devenir un attrait touristique inusité !

 La cathédrale verte, en plus d’être un projet, est une société par actions. Cette dernière souhaite — car elle n’a pas encore de projet concret à son actif — reconvertir des usines en technologies propres, réaménager écologiquement des sites industriels et créer de nouvelles signatures dans le paysage. Elle a été fondée par deux passionnés des technologies vertes et de l’écologie urbaine : Nicolas Vézeau, formé à l’École nationale d’administration en France et gestionnaire de portefeuille, et Jean-Baptiste Reulet, spécialiste de la vidéo 3D. Mis au défi par leurs conjointes lors d’une sortie sur le mont Royal d’aller au bout de leur idée et de réaliser un projet concret, ils ont pris trois à quatre ans avant de tout ficeler. En somme, depuis 2011, le projet de reconversion de l’incinérateur a été présenté dans différents événements, où il a suscité beaucoup d’intérêt et remporté des prix. Toutefois, c’est lors de sa présentation à Je vois Mtl, l’automne dernier, qu’il a pris un nouvel élan en s’inscrivant dans une vision plus large de corridor vert et en s’associant au Carrefour Verdir de Concertation Montréal (anciennement la CRE), à la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi) et en créant des partenariats avec la Soder de Rosemont et Vrac environnement (Groupe d’action et de recherche en développement durable).
Toujours à Je vois Mtl, les acteurs du projet se sont donné comme mission de réaliser, pour 2017, un espace de biodiversité en plein coeur de la ville en connectant, grâce à la voie ferrée, l’incinérateur des Carrières au campus d’Outremont. Ils souhaitent mobiliser tous les acteurs du milieu autour du corridor pour rendre les quartiers plus verts, plus sains et plus actifs. Les objectifs qu’ils cherchent à atteindre sont les suivants : augmenter la biodiversité, favoriser la connectivité écologique, améliorer le cadre de vie, puis offrir un milieu agréable et sécuritaire pour faciliter la mobilité active et l’activité physique. Deux mots sur la biodiversité, selon Pierre Bélec, responsable du corridor à la Soverdi, « la biodiversité est sûrement déjà intéressante à l’intérieur de l’emprise [du Canadien Pacifique], c’est plutôt auprès des propriétaires, le long de voies ferrées, qu’il y aura un travail à faire ».

 Quant au verdissement de l’incinérateur, la planification est l’aménagement de la fameuse rampe d’accès avec 15 potagers en bac, l’installation de 20 écosystèmes en pots et la construction de deux pergolas végétalisées. Le tout serait irrigué par un système d’arrosage qui fonctionne avec la gravité. Au sol seraient plantées des grimpantes pour habiller les piliers et le flanc de la rampe d’accès et pour les cheminées aussi, je présume, puis des saules seraient utilisés pour la décontamination des sols. En plus de devenir une zone verte singulière, cette métamorphose donnerait accès grâce à la rampe à l’un des points accessibles les plus hauts à l’est du mont Royal. On pourrait y observer la croix du mont Royal, la Place Ville-Marie et le Stade olympique. De plus, les deux gigantesques cheminées verdies le jour et illuminées la nuit deviendraient certainement des repères à Montréal.

 Économie circulaire Le projet inclut la reconversion de l’incinérateur en centre de traitement de déchets nouvelle génération. En bref, à partir de ces derniers seraient produits sur place des bioplastiques pour la fabrication à l’aide d’imprimantes 3D d’objets pour utilisation locale, tels que des prothèses. La reconversion a été établie selon les principes de l’économie circulaire, qui veulent que le déchet d’une industrie soit recyclé en matière première pour une autre industrie ou la même.

 Nicolas Vézeau, lors de notre rencontre, affirmait que lui et son acolyte sont prêts à verdir et irriguer l’incinérateur, mais que, malgré le soutien de François Croteau, maire de Rosemont–La Petite-Patrie, de Guillaume Lavoie, conseiller de ville de la circonscription Marie-Victorin dans l’arrondissement, de Réal Ménard, maire de l’arrondissement Mercier—Hochelaga-Maisonneuve et responsable du Développement durable, de l’Environnement, des Grands Parcs et des Espaces verts à la Ville de Montréal, d’Alexandre Boulerice du NPD dans Rosemont et même du maire Denis Coderre, la demande pour un bail emphytéotique de 35 ans du bâtiment, qui appartient à la Ville, est prise dans les dédales de l’administration. Assurément que la situation demande de la conciliation, car entre autres, le terrain est utilisé par l’écocentre ; mais pour un projet aussi intéressant, il y a sûrement place pour une entente. À quand l’issue ? »

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Vergers Urbains et le collectif Babylone montent en Seine et mettent le son sur le Living Roof le temps d’une soirée,

LOVINGROOF

A l’occasion d’une première soirée organisée par le Collectif Babylone sur le toit de la Cité de la Mode et du Design, dans le cadre du Living Roof, sa résidence d’agriculture urbaine.

en partenariat avec Dis Leur de fruits et légumes pour une nouvelle « Tomate partie »*

Le programme de la Loving Roof :

  • 18h à 20h, « Openmic ». Présentation et Discussions autour des projets du Collectif Babylone et de ses membres
  • à partir de 20h : soirée festive
    • Concert : Les Mutants de L’Espace (Live band – Jazz/Funk)
    • DJ SUSPECT (45 live) + Guest (DJ)

et aussi : Milkshake artistique, conférence, sensibilisation à l’agriculture urbaine, tomate party. Miam-miam & Cool…

Participation libre. Places Limitées / inscription conseillée via eventbrite,

Facebook : page de l’événement

 *  avec la participation de  :  RIO un artiste peintre,  Mills, Khair et Bryan youlou une équipe de street artistes, Kris et son pote, spécialisé en technique de graffiti et installation artistique, un Gang de danseurs,

Guest : Une pétillante pâtissière,  Un mouvement révolutionnaire de passionné de cuisine (deux intervenants)  : les food invaders, Bang, le dealer de fruits et légumes mixés, Yumi, la dose pure de fruits et légumes, Live coach, notre partenaire sportif. (intervention conférence) de 5 minutes sur Le code alimentaire et la dynamique sportive.

 Conçue par Vergers Urbains & le Collectif Babylone, le Living Roof est une première résidence d’agriculture urbaine qui métamorphose le Rooftop de La Cité, de l’été 2015 à l’hiver 2016, en laboratoire de nature en ville, poulailler, serre connectée, arbres fruitiers, et aquaponie… Le jardin hors-sol, modulaire, évolutif, productif et convivial est aussi un espace pédagogique et comestible. http://living-roof.paris/presentation/

Le collectif Babylone a été crée pour imaginer et mettre en oeuvre un projet de Tiers-Lieu dédié au design d’écosystèmes résilients et à l’agriculture urbaine. Si vous n’avez rien compris à tout ses projets, cette soirée est le moment ou jamais pour tout comprendre (ou presque)

Pour en savoir plus : http://living-roof.paris/le-collectif/ et lab-au.org.

Des questions sur l’événement Soirée Loving Roof – Le collectif Babylone monte en Seine ? Contactez Collectif Babylone

…De quoi nourrir quelques réflexions sur le devenir du périphérique parisien

http://www.influencia.net/fr/actualites/art-culture,exploration,concept-recycler-autoroute-jardin-suspendu-utopique-realiste,5587.html

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Transformer une autoroute au cœur de Seoul en arboretum de plus de 254 espèces, et y implanter  des magasins, des bibliothèques, des cafés ou des salons de thé pour préserver l’ambiance du centre-ville. Tel est le projet urbain des architectes visionnaires du cabinet MVRDV. Read More

…après la périurbanisation, voici venu le temps de la ruralification

Un article de Olivier Bories sur www.hypotheses.org

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Les agricultures urbaines qui se développent à l’échelle mondiale sont des « extraits de campagne » qui pénètrent la ville, réactivant l’utopie de la cité fertile. Or si l’on connaît mieux la périurbanisation, il faut désormais s’intéresser à la ruralification. Jamais nommé ainsi, ce phénomène social désigne l’insertion de l’activité agricole dans un espace qui ne lui est pas dédié et peut-être à des modes de pensée empruntés au monde rural.

Avec l’essor des agricultures urbaines lié aux préoccupations sociales pour le développement durable et la nature, aux crises de confiance alimentaire, la ville (re)devient progressivement un territoire « jardiné » incrusté de petits terrains potagers ou de plus vastes ensembles maraichers. De sorte que les formes de production alimentaire ainsi que leur localisation sont remises en question. La ruralification revêt aussi un caractère paysager dans la mesure où elle modifie le décor citadin en créant de nouvelles trouées de verdure qui s’ajoutent aux squares et jardins paysagers qui organisaient la trame verte. Elle témoigne enfin d’une inversion des dynamiques de prédation territoriale jusque là en sens unique de la ville vers la campagne.

C’est en fait une nouvelle alliance entre la ville et la campagne qui se met en place. Elle génère des interpénétrations territoriales méconnues, forme de nouvelles hybridations, brouille des frontières spatiales et invite à la recomposition des catégorisations spatiales établies. Elle établit en outre la diversification des usages du sol en agglomération ; avec le projet agri-urbain, les agricultures urbaines prennent progressivement place dans l’organisation de la planification citadine des métropoles. Elles deviennent un nouvel objet de la gouvernance territoriale.

La suite sur hypotheses.org

 

Memoire-AU_Page_01Fin 2014, plusieurs acteurs engagés dans l’agriculture urbaine (Vergers Urbains, Babylone, Quartiers en Transition, Graine de Jardins et La Générale), des habitants, des associations, des porteurs de projet, des urbanistes, des architectes… se sont retrouvés ensemble pour imaginer « Le Paris de l’agriculture urbaine». Nous avons proposé 8 grandes mesures que nous avons déposé dans le cadre de la consultation publique sur la modification du Plan local d’urbanisme parisien qui s’est terminé le 10 juillet 2015. En voici le contenu >> Memoire-AU

Les mesures proposées :

1 : pour définir l’agriculture urbaine au sein du Plan Local d’Urbanisme

2 : pour préserver les sites d’agriculture urbaine existants

3 : pour une approche spatiale de protection et de développement de l’agriculture urbaine

4 : pour affirmer l’intérêt collectif des constructions liées à l’agriculture urbaine

5 : pour une valorisation écologique de l’agriculture urbaine

6 : pour une valorisation sociale des espaces d’agriculture urbaine créés

7 : pour permettre le développement de l’agriculture urbaine sur toit

8 : pour une mise en œuvre des outils favorables au développement de l’agriculture urbaine

Longtemps cantonnée à la sphère du loisir, parfois regardée avec dédain par les uns ou tout simplement ignorée par les autres,l’agriculture urbaine est aujourd’hui devenue un enjeu aussi bien économique, environnemental, social  que politique ; comme nous le voyons aujourd’hui à Paris. Conscient de cette accélération du temps et répondant fin 2014 à l’appel initié par plusieurs acteurs engagés dans ce mouvement (Vergers Urbains, Babylone, Quartiers en Transition, Graine de Jardins et La Générale), des habitants, des associations, des porteurs de projet, des urbanistes, des architectes… se sont retrouvés ensemble pour imaginer « Le Paris de l’agriculture urbaine ».

Ce rassemblement coïncidait avec le démarrage de la concertation parisienne portant sur la modification du Plan local d’urbanisme de Paris (PLU) qui interviendra en  2015. Loin d’être le simple fruit du hasard, le lancement de cette dynamique collective s’est inscrit dès le départ dans une volonté de porter un projet susceptible de faire de l’agriculture urbaine, un élément fort du futur PLU parisien. Très vite est apparu le souhait que ce travail se traduise sous la forme d’un mémoire versé à la consultation publique du PLU parisien. Six mois plus tard, le pari est devenu réalité. Pour y parvenir, nous avons choisi une démarche totalement ouverte, basée sur le dialogue et le débat en direction non seulement des élus locaux mais aussi de administration parisienne et des services techniques de la ville.

De l’identification des levier et ressources aux freins rencontrés pour la mise en place des projets et autres expérimentations en passant par les liens à créer entre les initiatives et les structures porteuses, chacun a ainsi pu laisser libre court à sa vision de la ville nourricière de demain, dans les rues, sur les murs et les toits.

Très vite, nos discussions ont dépassé les seules frontières de Paris  avec la participation d’acteurs franciliens venus de la petite mais aussi grande couronne parisienne. Un élargissement d’horizon bienvenu tant il est effectivement nécessaire de raisonner à l’échelle régionale pour pouvoir saisir tous les enjeux de l’agriculture urbaine.

Ce mémoire est donc aujourd’hui le reflet d’une vision collective traduisant des aspirations multiples comme l’est précisément l’agriculture urbaine : multiplicité des formes, des pratiques, des acteurs, ce mouvement propose bel et bien une vision renouvelée de la ville, un nouveau récit urbain diront certains, qui tourne le dos à l’urbanisme hérité du 20ème siècle où le minéral l’emportait systématiquement sur le végétal.

Le désir de nature du citadin coïncide aujourd’hui avec la nécessité de rendre nos villes résilientes, capable de résister aux chocs climatiques et énergétiques, plus autonomes sur le plan alimentaire, plus favorables à la biodiversité tout en permettant d’offrir des débouchés économiques et professionnels pour des porteurs de projets. Cette conjonction faite d’opportunités et de nécessités complémentaires est au cœur de ce mémoire. Les huit points qui le composent sont autant de pistes qui, pour nous, peuvent permettre de créer les conditions favorables au développement de l’agriculture urbaine et plus largement, à la ville du 21ème siècle, en lien avec son territoire, ses habitants et son environnement.

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