La Chapelle, quartier comestible

Loin de se restreindre à des serres climatisées et/ou se percher sur des toits, en s’éloignant de toute interaction sociale, l’agriculture urbaine se diffuse dans les recoins des villes, dans ses interstices, ou même dans les rues. Créer des interactions, valoriser les communs, aller au contact des habitants, ou créer des liens entre l’ensemble des zones de production ou de distribution alimentaire, à une échelle locale, c’est l’ambition des quartiers comestible. Déclinaison locale de la notion de Ville Comestible, il s’agit d’une expérimentation qui s’est focalisée sur le quartier La Chapelle (Paris 18), sous l’impulsion de Vergers Urbains depuis 2012.

Ce quartier a vu apparaitre certains des premiers projets d’agriculture urbaine parisiens, sous la forme de jardins partagés, ou d’espaces autogérés (Shakirail, Bois Dormoy, Ecobox…), pour certains disparus ou déplacés (Arrière cours 93,  Théâtre de Verre ou Jardin d’Alice…). C’est aussi dans ce quartier qu’est né Vergers Urbains (VU). L’association a privilégié un investissement local avant de s’investir dans d’autres quartiers, ou d’autres villes. C’est dans ce quartier très populaire et enclavé, souffrant d’un manque d’espaces verts, avec d’importants conflits d’usage  (dû à un déficit et un dysfonctionnement des espaces publics) que différents modes d’action ont  été mis en place et testés avec d’autres associations du quartier, des collectifs, des habitants et l’appui de la ville.

Cinq premiers espaces ont été activés par VU et continuent d’évoluer : Un Jardin mobile, esplanade Nathalie Sarraute (une cinquantaine de modules ba(n)cs, compost, pergolas etc.), un morceau de placette, à angle Philippe de Girard/ Pajol (en cours de réaménagement), une friche, au 71 rue Philippe de Girard (avec abris, poulailler, ruches, mare, arbres fruitiers, cultures en lasagne, etc.) et un jardin partagé, à vocation pédagogique et pépinière de quartier (Comm’un Jardin dans le Square Rosa Luxembourg). Ainsi que le local commun de Vergers Urbains et Toits Vivants, qui regroupe diverses ressources et espaces de travail (avec Grainothèque, bibliothèque, outilthèque etc.) dédiés à la permaculture et l’agriculture urbaine.

A partir de ces lieux témoins ou ressource, l’association accompagne la création de nouveaux espaces comestibles, sur l’espace public (Rue Gens Cottin, Rue La Chapelle, Maurice Genevoix, Angle Cugnot/ Torcy, Place de la Chapelle…), en pied d’immeuble (Résidence Boucry, Evangile, …) ou un jardin d’insertion (Square Jessain, avec Emmaus Solidarité). Soit une quinzaine de projets au total.

L’ancrage de l’agriculture urbaine dans le quartier La Chapelle va se poursuivre à travers le positionnement de 4 sites Parisculteurs et la création d’une ferme urbaine dans le quartier Chapelle Internationnale et avec le projet Chapelle Charbon (un des prochains grands espaces verts parisiens, qui intègrera plusieurs espaces dédiés à l’agriculture urbaine). Ce qui fera du quartier un des plus dense et vivant en terme d’agriculture urbaine, où diverses formes seront visibles. Au-delà des sites de production, ce sont les espaces de transformation et distribution qui vont continuer à se développer, notamment avec des épiceries solidaires, les amaps (3 amaps, sans compter les ruches qui disent oui), ou un restaurant associatif (porté par BocoLoco, Vergers Urbains, sur le modèle des food-Hub) afin de créer un véritable système alimentaire local, où chaque maillon de la chaine, chaque site de production est interconnecté. D’autres quartiers parisiens, ou d’autres villes commencent maintenant à faire système et à interconnecter leurs initiatives, leurs zones de production.

 

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