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Economie

Europa-City-BIG-Vue-Ensemble

Europacity : 2 700 chambres d’hôtel, 230 000 mètres carrés de galeries commerciales, une piste de ski, etc. Tout ça sur 80 ha de terres agricoles parmi les plus fertiles de France. On est à Gonesse, en 2020.  30 000 000 de visiteurs sont prévus par an, soit deux fois plus qu’à Eurodysney!. Première destination touristique d’Europe.

C’est l’agence BIG qui vient d’être retenue pour ce Big projet ‘ou Grand Projet Inutile Imposé, décrié par de nombreux collectifs, notamment le Collectif contre le Triangle de Gonesse (http://voe95.fr/cptg/?page_id=14), membre du Costif (Coordination pour une Solidarité des Territoires d’Ile de France). A l’heure où les centres commerciaux, de manière générale peinent à garder leur clientèle, et dans un secteur déjà saturé d’espaces commerciaux parmi les plus grands de la région (O’Parinor, Aeroville, etc.).

Entre aéroport, autoroute, usine automobile (PSA, menacé de fermeture), et centres commerciaux ou logistiques sur-dimensionnés  On est au coeur du Grand Paris, dans un secteur à contre courant d’un logique de résilience, un pôle  hautement compétitif en greenwashing.

Sans doute, en 2030, ce site attirera de nombreux visiteurs en tant que museum à ciel ouvert d’une société en fin de course.

Europa_City_-_BIG_-_Mobilite_s_Internes-88220

↑ La toiture végétalisée et les quelques cocotiers sur le toit vont ils compenser l’artificialisation des sols?

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/26/europa-city-ou-l-art-de-construire-des-pistes-de-ski-en-banlieue-parisienne_1851319_3244.html

Après le vivant, c’est la ville qui est brevetée. Eiffage et ses partenaires (Dassault systèmes, et Poma, un fabriquant de téléphérique) imaginent leur vision de la ville en 2030, forcément hight tech, où les termes « solidarité énergétique ® », ou « Haute qualité de vie® » sont déposés. A quand les « Villes en Transition » ®?

 

http://www.lemoniteur.fr/191-territoire/article/actualite/20704079-eiffage-pose-ses-droits-d-auteur-sur-la-ville-de-2030

« Jeudi 4 aAvril, Pierre Berger, P-DG d’Eiffage, a présenté la ville de Grenoble telle que ses ingénieurs, accompagnés de ceux de Poma et Dassault systèmes, l’imaginaient en 2030. Voyage en images à travers «la rue nue»®, «l’urbanbridge»®ou «le modul’air»®, une série de concepts aux noms d’ores et déjà déposés.

Nous sommes en 2030, les ressources fossiles sont inutilisables, la population a fortement vieilli, le nomadisme professionnel est la norme. Voilà le contexte dans lequel les équipes d’Eiffage ont travaillé, en 2011 et 2012, afin d’imaginer à quoi pourrait ressembler Grenoble en 2030.

Dans la ville de Grenoble imaginée par Eiffage, les déplacements se font en cabine tirée par câble, le travail s’effectue dans des espaces partagés, et on produit sur son immeuble de l’électricité pour alimenter la maison d’à côté. Cette vision futuriste de la « capitale des Alpes » est le fruit de l’imagination des ingénieurs de toutes les branches d’Eiffage : construction, travaux publics, pôle énergie, pôle métal et concessions autoroutières ainsi que de ceux de Poma, entreprise française conceptrice de solutions de transport par câble et de l’éditeur de logiciel Dassault Systèmes. Ils avaient déjà travaillé, de 2007 à 2011, à imaginer Marseille et Strasbourg en 2030″

Terra_Eco_Villes

Un Hors-Série  du magazine Terra Eco (Les villes durables en 2050) fait référence à une étude menée par des étudiants d’Agrocampus-Ouest sur la capacité du territoire de Rennes Métropole (37 communes) à alimenter ses habitants. Une étude qui pourrait inspirer la région parisienne.

Cliquer pour accéder à Villes_demain_TE_Ademe_planches.pdf

Un des scénarios montre que l’agglomération Rennaise  « pourrait se nourrir entièrement avec ses terres, passées en agriculture biologique, à condition de créer une couronne de 6,3 km de large autour de l’agglomération et de transformer la manière de produire et de consommer. Il s’agirait de grignoter de la surface cultivable partout où c’est possible : un tiers des forêts pourrait produire des fruits à coque, et le maraîchage devrait occuper 40 % des 52 jardins, la moitié des squares et 60 % des toits. Mais il faudrait également réduire le gaspillage alimentaire, de 30 % aujourd’hui à 20 % demain. Et, enfin, transformer son alimentation, en diminuant la ration de protéines, notamment en divisant par deux la consommation de viande« .

Menée à l’échelle de la région parisienne, ce genre d’étude pourrait montrer la nécessité de redonner naissance à une ceinture vivrière, maraîchère et forestière, développer la notion de paysage productif écologique destiné en priorité à l’approvisionnement local, valoriser les espaces verts (des espaces verts comestibles!), …etc.

Une étude menée en île de France, plus conventionnelle reste encore loin de ces idées :  http://www.lagazettedescommunes.com/104785/la-production-alimentaire-locale-pas-assez-developpee-en-ile-de-france-selon-une-etude-du-ceser/.

Détroit préfigure ce que peuvent devenir beaucoup de villes. La ville est devenue l’icône d’une société de l’automobile décadente. Elle représentait le cœur de l’industrie automobile, tout y a été bâti en fonction de sa logique. L’étalement urbain y atteint un paroxysme. Le degré de résilience frôle le zéro absolu.

Cependant la ville évolue, entre en transition, elle devient une « shrinking city », en passant de près de 2 000 000 habitants à un peu plus de 700 000. La ville tente d’acheter les maisons abandonnées, pour réduire les espaces urbains à entretenir. Parallèlement, la population tente de sortir de la crise par l’agriculture urbaine, ou de manière générale la débrouille. L’agriculture urbaine n’est pas ici un effet de mode, mais un moyen de subsistance, tout comme le faire soit même (ou Do It Yourself – DIY).

Détroit n’est pas non plus un repère d’écolo ou de nouveaux paysans urbains, tel que le documentaire d’arte a pu le laisser entendre (« Détroit passe au vert »), ni même une ville retournée à la nature comme dans le film  « I am Legend » mais une ville qui se remet difficilement d’une grave crise sociale.

L’histoire de cette ville doit être observée avec attention par beaucoup de villes, notamment Aulnay sous Bois, et surtout  d’autre villes qui continuent à suivre le pas de ses erreurs, en soutenant une industrie décadente et en poursuivant l’étalement urbain.

Cf l’interview des deux journalistes,auteur du webdocumentaire Detroit Je T’aime :

http://owni.fr/2012/07/26/detroit-redemarre-en-mode-diy/#identifier_0_116694

Selon l’International Council of Shopping Center, un tiers des malls se porte bien, un tiers voient leurs ventes baisser et leur taux de vacance commerciale augmenter et le dernier tiers doit faire face à d’importantes difficultés financières. Conséquence directe de cette situation, toujours selon l’ICSC, environ 1100 malls ont fermé ces dernières années et le terme de deadmall est passé dans le langage courant. Cette crise a forcé les géants du secteur à se réinventer.

En observant la situation du secteur commercial aux Etats-Unis – souvent précurseurs dans ce domaine – les décideurs mondiaux pourrait ainsi favoriser l’émergence d’un nouvel urbanisme “suburbain post-mall”, s’évitant une énième crise urbaine en l’anticipant.

 

http://impressionsurbaines.wordpress.com/2012/02/21/le-mall-est-mort-vive-le-mall-2/

http://spectregroup.wordpress.com/2010/05/27/mall-farming/

http://www.labelscar.com/uncategorized/brian-ulrich-dark-stores-ghostboxes-and-dead-malls

http://clui.org/newsletter/winter-2003/best-dead-mall

http://www.lacub.fr/nature-cadre-de-vie/nature-cadre-de-vie

La Communauté urbaine de Bordeaux (Cub), dont la moitié du territoire est constituée d’espaces naturels et agricoles, vient de retenir cinq équipes pluridisciplinaires dans le cadre de la consultation « 55000 hectares pour la nature ».

Cette opération constitue le pendant de la démarche «50 000 logements autour des transports publics» et reste dans des chiffres forts pour faciliter sa démarche marketing et marquer le coup. Elle a ainsi le mérite d’être facilement assimilable pour le grand public.

Les équipes retenues, soumises à un « dialogue compétitif » de septembre 2012 à janvier 2013, doivent appréhender le rôle de la nature dans l’agglomération bordelaise tant dans ses fonctions sociale (loisir, cadre de vie), qu’économique (agriculture urbaine, tourisme vert) ou environnementale (biodiversité). C’est une des premières fois que l’agriculture urbaine est appréhendée à cette échelle et intégré avec d’autres thématiques (urbanisme, paysage, économie, tourisme, écologie…). Espérons que la notion de résilience et d’écosystème (au sens permaculturel du terme) sera intégrée par ces équipes pour repenser l’agglomération bordelaise.

Plusieurs domaines d’intervention ont été identifiés : le cœur des villes, où il faut réapprendre à se tourner vers le paysage et redécouvrir la biodiversité ; les grands espaces agricoles et forestiers, avec l’encouragement aux productions « bio » consommées localement et une ouverture au public de certains de ces espaces ; la valorisation des zones humides ou inondables où il s’agit de favoriser une mixité d’usages ; l’affirmation de trames vertes et bleues ; l’affectation des friches et espaces en mutation à des projets nature. La définition des projets est planifiée entre mai 2013 et janvier 2014.

Le concept de Bio région est défendu par Alberto Magnaghi, le fondateur de la société des territorialistes. Il défend un urbanisme alternatif porteur d’un développement local, auto-soutenable, qui donne une valeur primordiale à la diversité, aux particularités identitaires et aux savoir-faire locaux. Le territoire devient l’acteur central de la production de la richesse (durable) et de l’économie (solidaire), en mettant en relation culture et nature, à travers une autogestion responsable des communautés locales. Le territoire est considéré comme un bien commun. www.societadeiterritorialisti.it

La Bio région s’insère dans le cadre d’une planification qui renouvelle totalement le dialogue entre l’homme et son environnement. En développant une économie créatrice d’emplois non délocalisables et en orientant les principes d’aménagement vers la reproductibilité autonome et globale de l’écosystème, autour du triptyque de la qualité environnementale et paysagère des espaces habités, de l’ancrage de leur aménagement dans les traditions culturelles et la participation des habitants et des acteurs locaux à l’élaboration de leur « projet de territoire ».

 Définition selon Alberto Magnaghi :

« ensemble de systèmes territoriaux locaux fortement transformés par l’homme, caractérisés par la présence d’une pluralité de centres urbains et ruraux organisés en systèmes de villes réticulaires et non hiérarchisés. Ces systèmes sont reliés entre eux par des rapports environnementaux qui tendent à réaliser un bouclage des cycles de l’eau, des déchets, de l’alimentation et de l’énergie. Ils sont caractéristiques des équilibres éco-systémiques d’un bassin hydrographique, d’un noeud orographique, d’un système de vallée ou d’un système collinaire ou côtier, y compris de son arrière-pays ».

 Ce concept est fortement adapté aux sites à l’urbanisation diffuse (la Città Difusa), rurale, et non dominés par une ville centre, mais plusieurs éléments peuvent être retenus si on veut l’adapter à la Région parisienne. La relation de dominance / écrasement serait remplacée par une relation de coopération donnant-donnant.

On aurait un emboîtement d’échelle, où Paris domine le système et interagit avec les confins de sa « supra » région pour son approvisionnement (matières, énergie, eau, nourriture, etc.). Tandis qu’à d’autres échelles, plusieurs bio régions peuvent apparaître (ex : plaine de France, Plateau de Saclay, Vallée de la Chevreuse, Val de Marne, boucles de la Seine etc.), dont le découpage serait plus naturel et plus ancré dans l’identité et le paysage local que les découpages administratifs actuels. Ces bio-régions seraient partiellement tournées vers leur propre territoire, dans le cadre de circuits-courts et vers la tête du système (Paris), dans le cadre de circuits moins courts. Seuls les surplus agricoles seraient exportés, tout comme certaines productions manufacturières ou services, spécifiques et reconnus. Il y aurait alors un emboîtement d’équilibres.

Plan stratégique du Parc agricole de Prato en Italie (Revue Ecologik n°24) : 

Le mouvement Cittaslow, que l’on a parfois rapproché du mouvement des villes en transition et de la décroissance, sombre dans la superficialité. Il ne cherche pas à remettre en cause le système qui donne lieu à cette accélération généralisée, il est parfois synonyme d’un repli sur soi, de régionalisme, « vite » relayé par la machine touristique et marketing de manière générale. Même les grandes enseignes commerciales, n’ont pas tardé à promouvoir le « slow shopping », le slow rattrape le green, puisqu’il devient tendance.

Extrait du site Cittaslow: 

« Un réseau se constitue Pierre Beaudran et Vaty Matharan, présidente de l’OT, ont eu l’occasion de rencontrer des élus de Segonzac et de Labastide-d’Armagnac, les deux premières villes françaises à avoir rejoint le petit cercle des « villes lentes », et ceux-ci sont unanimes : les retombées sont conséquentes à tous points de vue économiques, touristiques et médiatiques, et le seront encore davantage avec le développement du réseau français. En accueillant Mirande, Cittaslow constitue les premiers maillons de ce réseau français ». http://www.cittaslow.org/article/mirande-f-cittaslow-un-nouvel-outil-pour-l-office-de-tourisme

Ce processus commence déjà à atteindre les villes en transition, puisque certaines collectivités s’autoproclament en transition et risquent ainsi de démobiliser les initiatives citoyennes. A quand les 4×4 résilients?, ou les centrales nucléaires en transition?

Décélération

Décélération

Plus qu’une ville lente, c’est une ville au choix qu’il s’agit de développer, où peuvent se côtoyer lenteur et vitesse, avec îlots de lenteur, ou zones urbaines apaisées, « déconnectées des flux tendus », sans pour autant créer des enclaves coupées de leurs alentours. Puisque chacun peut avoir besoin, à un moment, d’un peu de vitesse, d’être stimulé, de faire monter l’adrénaline. Certains plus que d’autre. Autant ne pas les priver, leur laisser cette liberté, ce plaisir, tant que cela ne stress pas leur environnement et qu’ils gardent conscience. Read More

Les temples de la société de consommation continuent de se bâtir, en se donnant des airs d’urbanité et sous caution de labels greenwashisants (« BREEAM Excellent pour Aéroville », ou HQE® Commerce). Les derniers projets en date doivent prendre place sur un des derniers espaces agricoles fertiles inséré dans l’agglomération et sont portés par le Groupe Auchan : Triangle de Gonesse (Europa City), ou Tremblay – Roissy (Aéroville, dont les travaux sont en cours), dans un secteur déjà saturé (O’Parinor, Garonor, Ikea, etc.).

Si l’opposition s’organise pour Europa City, il est quasiment trop tard pour Aéroville, le coup est partis.

Mais on peut d’ors et déjà réfléchir à sa reconversion, dans le cadre d’une société postcarbone, où ces centres commerciaux périphériques, tournés vers la voiture, ou l’avion n’auront plus raison d’être et feront partie des nombreuses friches commerciales à venir.

Certains Malls ont déjà entamés leur mue, dans quelques unes des premières villes en crise (ou en voie de décroissance). La présence de grande verrières pourra facilier certains usages, et la recup’ s’organiser. D’autres, moins disposés à accueillir une serre en leur sein, l’accueillent sur leur Toit (Montreal).

↑Nouveaux temples de l’agriculture urbaine (Cleveland), et Montreal (Une serre sur le toit)

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