Paris, Ville Résiliente?

« Paris fait dorénavant partie du réseau mondial des villes résilientes, initiative lancée par la Fondation Rockefeller. 32 villes avaient déjà été choisies en 2013. Le 3 décembre, le Sommet de la résilience urbaine à Singapour en a invité 35 nouvelles, dont Paris, Londres, Milan, Athènes, Barcelone…

À terme, 100 villes dans le monde feront partie de ce réseau dont le concept, la résilience urbaine, est défini par « la capacité des individus, des communautés, des institutions, des entreprises et des systèmes à survivre, s’adapter et croître, quels que soient les types de tensions chroniques et de crises aiguës qu’ils subissent. »

Président de « 100 villes résilientes », Michael Berkowitz explique : « En reliant les villes entre elles et en les mettant en contact avec des experts du renforcement de la résilience, nous visons à créer une pratique mondiale de solutions de résilience évolutives et adaptables, de sorte que les villes puissent répondre aux défis urbains de ce siècle d’une manière plus efficace et performante ».

Chaque ville du réseau est ainsi éligible à recevoir une subvention pour embaucher un responsable en chef de la résilience, qui dirigera l’analyse, la planification et la mise en œuvre de la stratégie de résilience de la ville, en collaboration avec différents organismes gouvernementaux et dans tous les secteurs de la société. Elles recevront également le soutien technique et les services dont elles ont besoin dans leurs activités de mise en œuvre de cette stratégie, ainsi que l’accès à divers partenaires de la plateforme des secteurs privé, public et à but non lucratif. Ces partenaires offriront des outils novateurs dans des domaines comme la finance, la technologie, les infrastructures, l’occupation des sols et la résilience communautaire et sociale. »

350 candidatures avaient été déposées en 2014 dans plus de 90 pays.

http://gpmetropole.fr/blog/paris-ville-resiliente/

Notons que la Résilience était le thème du Forum économique de Davos en 2013. Suite à l’article ci-dessus, il paraît judicieux de revenir sur notre définition de la résilience urbaine, celle qui guide ce blog depuis son origine. Notre définition s’inscrit en opposition à cette idée que les villes peuvent constamment croître sans compromettre leur résilience ou leur durabilité. Cette logique de développement défendue par le système (capitalistique) actuel annonce malheureusement ce qui est arrivé à la notion de développement durable, avec l’idée que nous pouvons perpétuer ce même système, voir même le renforcer en le rendant plus écologique, alors que la sortie de l’impasse vers lequel il nous mène impose un changement beaucoup plus radical. Ce dont le système a besoin, c’est beaucoup plus qu’une simple adaptation, à la marge, ou un renouvellement du vocabulaire mais un renouvellement total.

La résilience désigne à l’origine la capacité d’adaptation et de récupération d’une personne à la suite de difficultés. Depuis les années 2000, ce mot s’est peu à peu appliqué à d’autres entités, à tout ce qui est capable de surmonter des épreuves, ou des crises pour atteindre de nouveaux équilibres.

Il permet de faire face à l’incertitude des systèmes complexes. Or, la ville est dotée d’une extrême complexité, tout comme l’être vivant. Le concept de résilience urbaine découle directement du concept de résilience écologique, définit par l’écologue canadien Holling. Il considère la résilience comme la quantité des désordres qu’un écosystème peut absorber tout en conservant ses fonctions. Dans sa théorie, les systèmes complexes sont soumis aux changements perpétuels de leurs milieux, hautement imprévisibles, et s’auto-organisent selon des réactions situées à plusieurs échelles d’espace et de temps.

Principalement resté dans le domaine de la catastrophe, le concept de résilience urbaine s’élargit à d’autres facteurs, à d’autres types de crises, moins brutales, mais plus profondes, telle que la crise découlant du pic pétrolier, abordé par les initiatives de transition. La résilience urbaine est un processus qui amène à l’homme de renouer avec son milieu, sans opposer ville et nature, pour construire un nouvel idéal urbain.

La résilience est la condition nécessaire à la durabilité (Folke et al., 2002; Klein et al., 2004). Elle est aussi la propriété d’un système (durable), qui reste à imaginer.

« améliorer la résilience augmente les chances d’un développement durable dans un environnement changeant où le futur est imprévisible et la surprise est probable » (Folke et al., 2002)

« Contrairement à la ville stable, sécurisée, hiérarchisée, optimisée et normée, chère au développement durable, la ville résiliente est flexible et transformable. Elle fonctionne en hétérarchie, limite les dépendances et multiplie interconnexions et redondances entre les différentes échelles de fonctionnement. Le risque fait partie de ses fondements, tout comme les ressources qui peuvent s’en dégager….La crise est révélatrice d’opportunités… » (Marco Stathopoulos, , dans Qu’est que la résilience urbaine?, revue Urbanisme n°381)

La ville résiliente est donc une ville

  • à la fois souple et résistante;
  • ouverte au changement, aux influences positives;
  • diverse, complexe mais constitutive d’un écosystème commun intégré, interconnecté et redondant;
  • ouverte aux autres et sur l’extérieur, tout en étant solidement ancrée dans son territoire;
  • qui réduit son empreinte écologique par sa frugalité et en s’appuyant sur des ressources locales et renouvelables,
  • interdépendante, elle fait l’objet d’un cycle permanent, avec un métabolisme bénéficiant d’un approvisionnement alimentaire et énergétique local,
  • non productrice de déchets, considérés comme des ressources;
  • bâtie par et avec ses habitants;

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Les chantiers qui s’ouvrent pour Paris, ville résiliente sont de taille, mais pas insurmontables. La capitale pourra ainsi s’appuyer sur sa diversité, sur la densité de ses liens sociaux, sa faible dépendance vis à vis de l’automobile, mais devra renforcer ses liens avec la nature, renforcer sa résilience alimentaire en développant l’agriculture urbaine et une ceinture vivrière (à l’échelle régionale), diminuer sa consommation énergétique en développant un mix énergétique et l’autoproduction, se diriger vers une politique zéro déchets, tout en impliquant l’ensemble de ses habitants.

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